[Paroles d'experts] Kolia Bénié

Récemment arrivée à Dakar, Kolia Bénié, experte technique internationale (ETI) SRMNIA auprès du bureau régional de l’UNFPA, partage ses premières avancées, les temps forts de sa prise de poste et sa contribution pour renforcer l’impact du Fonds Muskoka en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Kolia Bénié est ETI spécialisée en santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et des adolescents (SRMNIA), mise à disposition de l'UNFPA au bureau régional Afrique de l’Ouest et du Centre, et basée à Dakar (Sénégal). 
Son expertise en santé internationale, acquise sur le terrain auprès d’ONG telles qu'Amref Health Africa ou Coalition PLUS, se combine à une connaissance approfondie des institutions qu’elle a servies, comme le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le ministère chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes ou encore le Parlement européen. Elle partage ici ses impressions après le début de sa mission.

© Kolia Bénié - ETI Expertise France

Kolia Bénié, experte SRMNIA : un début de mission marqué par l’action et le plaidoyer

1. Pouvez-vous résumer en quelques mots l’objectif principal de votre mission à l'UNFPA ?

L'objectif est de mettre ma double expertise, institutionnelle et de terrain, au service de la SRMNIA en Afrique de l'Ouest et du Centre. Ma mission est de conforter les résultats opérationnels du Fonds Muskoka, en accompagnant d’autres initiatives régionales (« 2 heures pour la vie », dispositif des sages-femmes humanitaires) ; tout en assurant un appui technique continu aux 23 bureaux pays de la région.

2. Quel est votre rôle au sein du bureau régional de l’UNFPA ?

En tant que spécialiste SRMNIA, mon rôle est de faire le pont entre la vision stratégique du bureau régional et les réalités opérationnelles des bureaux pays de l'UNFPA. Via le Fonds Muskoka, je participe également au dialogue entre les autres agences des Nations unies impliquées sur les questions de santé maternelle et infantile telles que l’UNICEF, l’OMS et ONU Femmes. J'apporte immédiatement une capacité d'analyse et de mise en œuvre concrète grâce à mes expériences acquises sur le continent africain et à l’international.

3. Quels sont les atouts de votre parcours hybride pour le Fonds Muskoka ?

Mon ancrage opérationnel acquis auprès d'ONG internationales me donne une compréhension profonde des besoins, ce qui complète mon analyse politique régionale. La lutte contre les mortalités maternelle et infantile a besoin de cette agilité : être efficace et stratégique pour et avec les bailleurs ; car en Afrique de l’Ouest et du Centre, ce sont 16 femmes qui meurent chaque heure de complications liées à la grossesse. Mon parcours me permet à la fois de plaider pour de nouvelles ressources, et de soutenir les bureaux pays à régler concrètement les problèmes d’accès aux soins obstétricaux et néonataux d’urgence, par exemple. 

4. Comment se traduit concrètement votre rôle de plaidoyer ?

Afin de pérenniser les actions en faveur de la santé des femmes et des filles, le soutien politique est fondamental. À l’Assemblée nationale, j'ai eu l’honneur d’intervenir au Sommet parlementaire francophone, organisé par la députée Mme Prisca THEVENOT dans le cadre de la 4e conférence ministérielle des diplomaties féministes. J’y ai pu présenter les actions menées par le Fonds Muskoka au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Sénégal, au Tchad et au Togo. Les résultats obtenus depuis 15 ans ont été salués par la ministre française de la santé, Mme Stéphanie RIST présente également. Nous avons également eu la reconnaissance du ministre français délégué aux affaires étrangères, M. Thani MOHAMED-SOILIHI, qui a mis en avant l’impact du Fonds, renforçant ainsi sa légitimité auprès des partenaires.

À Paris toujours, j'ai eu l’honneur de rencontrer Mme Diene KEÏTA, la nouvelle directrice exécutive de l’UNFPA. Elle m’a fait part de son soutien et de sa confiance aux équipes œuvrant pour le Fonds Muskoka sur le terrain. Puis, à Dakar, j'ai été conviée à un déjeuner de travail en format « équipe France » autour de l'ambassadrice de France au Sénégal Mme Christine FAGES et l'ambassadrice pour la santé mondiale, Mme Anne-Claire AMPROU, pour redire les enjeux auxquels font face la région sur les questions de droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR) et pour réaffirmer l’importance du mécanisme Muskoka contre les « backlash » observés. 

5. Pouvez-vous nous parler de vos premières actions marquantes au cours de cette mission ?

Nous étions récemment au Bénin pour examiner la mise en œuvre du projet « 2 heures pour la vie ». Ce projet vise à garantir l'accès aux soins obstétricaux et néonataux d'urgence, pour 95% de la population dans un rayon de deux heures et ainsi sauver la vie de plus d'un million de mères et de nouveau-nés non seulement au Bénin mais aussi en Côte d’Ivoire et au Togo. Sur le terrain, nous avons pu voir l'efficacité des innovations communautaires : l'utilisation de ballons de tamponnement intra-utérin (ballons de Bakri), des motos-ambulances, des logiciels de suivi des stocks de médicaments en temps réel, et même l'utilisation de WhatsApp pour accélérer les référencements. Ce projet montre qu’avec des solutions innovantes venant du terrain et des partenariats solides : sauver des vies devient une réalité.

6. Quels sont vos objectifs pour la suite de la mission ?

L'enjeu est de placer la SRMNIA en haut de l'agenda politique régional et international, en mettant en valeur les résultats obtenus par les différentes initiatives en faveur des femmes, des enfants et des adolescents, en mobilisant de nouvelles ressources et en renforçant les partenariats notamment avec les organisations de la société civile et les organisations à base communautaire.

7. Quelle est votre plus grande satisfaction en tant qu’ETI ?

Après 10 ans à Paris, être ici à Dakar me permet d'incarner l'engagement français au service de la santé mondiale et de la diplomatie féministe. Des visites comme celle que j’ai effectué à l’hôpital Roi Baudoin dans la commune de Guédiawaye pour voir les unités de néonatalogie et de soins « mère-kangourou », me rappellent que derrière les politiques de santé publique, derrière les chiffres, il y a des vies transformées et l'engagement admirable de professionnels de santé. Mettre une expertise de fond au service direct des femmes et des enfants en Afrique est une immense fierté.

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