[Experts à l'honneur] Tonia Capuano

Le Delta du Bengale : un atout naturel et économique

Le Bangladesh, situé sur le delta du Bengale, se distingue par son immense réseau fluvial et ses écosystèmes marins uniques. 
Dans ce contexte, mon expérience en tant qu'experte technique internationale (ETI) en océanographie me permet de contribuer à la préservation et à l'exploitation durable des ressources marines de ce pays en plein essor. 

Avec son système fluvial massif comprenant le Padma (Gange), le Meghna et le Jamuna (Brahmapoutre), le delta du Bengale est l'un des plus vastes et dynamiques au monde. Ces cours d'eau façonnent un éventail sous-marin exceptionnel, au-delà des 118 000 km² de la zone économique exclusive (ZEE) du pays. La région côtière, couvrant 47 200 km², est riche en habitats variés, offrant des services écosystémiques cruciaux à une population de 170 millions d'habitants. Bien que la délimitation des frontières maritimes entre le Bangladesh et le Myanmar ait eu lieu en 2012, ainsi que celle entre le Bangladesh et l’Inde en 2014, et qu’un tribunal arbitral ait donné au Bangladesh le droit d’explorer les ressources marines de la Baie du Bengale, le pays n’a pas encore exercé ce droit. Cette richesse naturelle fait face à des menaces multiples, telles que la surpêche, la pollution et le changement climatique. Des défis qui ouvrent toutefois la voie à l’émergence de l'économie bleue, et une exploitation responsable des ressources océaniques.

Domaines d'intervention

Depuis avril 2023, ma mission au sein de l'International Centre for Ocean Governance (ICOG), rattaché au département d’Océanographie de l'Université de Dacca (DU), a visé à renforcer les capacités techniques et académiques dans le domaine de l'océanographie. 

Mes principales réalisations incluent : 

• Formation et recherche : mise en œuvre de formations en modélisation numérique et programmation pour l'analyse de données géoscientifiques ; 
• Renforcement institutionnel : amélioration du niveau académique et de recherche appliquée du Centre, en alignant ses productions scientifiques et ses projets sur les standards internationaux.

Initiatives clées en 2024

Deux initiatives marquantes ont rythmé la dernière année de ma mission : 

• Mise en place d’un atelier de modélisation océanique régionale : réunissant chercheurs, enseignants et étudiants de la Faculté des Sciences de la Terre et de l’Environnement, cet atelier a favorisé le partage de connaissances. 
• Actions de capacity-building pour la météo-marine : en collaboration avec l’Institut Bangladais de Recherche Océanographique, des actions ont été menées pour poser les bases d’un système opérationnel de prévision météo-marine, essentiel pour soutenir la croissance bleue du pays.

Perspectives régionales et collaborations

Dans les mois à venir, plusieurs projets seront réalisés pour intensifier les échanges scientifiques régionaux :

• Blue Talk à Dacca : organisation avec le SCAC d'une conférence à l’ambassade de France, avec la participation de l’ETI en économie océanique basé à Chennai, le Prof. Manell Zakharia. 
• Mission au Sri Lanka : animation d'un séminaire public à l’Ambassade de France sur l'océanographie et son rôle dans la croissance bleue, ainsi qu'un atelier de modélisation au sein de l’université océanique de Colombo, pour promouvoir les collaborations académiques entre le Bangladesh et le Sri Lanka.

Vers une croissance bleue durable

Face aux nombreux défis, l’avenir maritime du Bangladesh repose sur des initiatives innovantes et des partenariats internationaux. Mon rôle, à travers cette mission, est de poser les bases d’une exploitation durable et d’une gouvernance efficace des ressources marines, contribuant ainsi à la prospérité économique et écologique de la région.