[Experts à l'honneur] Loïc Lespagnol
Loïc Lespagnol, expert technique international sur l’hydrogène bas carbone, retrace dans son témoignage les réalisations accomplies et les événements marquants qui définissent sa mission, vingt mois après son déploiement au sein du Ministère de l’Énergie du Chili.
Basé à Santiago du Chili, Loïc Lespagnol est en mission depuis mai 2023 au sein de la Division des nouveaux carburants et combustibles du Ministère de l’Énergie du Chili pour travailler sur l’hydrogène bas carbone.
Son poste d’expert technique international, créé et financé par la Direction Générale du Trésor et déployé par Expertise France, a pour objectif de renforcer la coopération bilatérale franco-chilienne dans le domaine de la transition énergétique.

3 questions à notre expert en hydrogène, Loïc Lespagnol
En quoi consiste votre mission et quel est votre positionnement au sein de l'organisme d'accueil ?
Dès 2018, le Chili a été identifié comme une puissance mondiale en terme de production d'hydrogène bas carbone, principalement grâce à son avantage concurrentiel de production d'énergie renouvelable à faible coût (fort ensoleillement dans le nord du pays, dans le désert d’Atacama et vents continus dans le sud du pays, en Patagonie). Le ministère de l'énergie a donc publié en novembre 2020 la Stratégie nationale chilienne de l’hydrogène bas carbone, dont l'objectif principal est de promouvoir la transition vers une économie à faibles émissions, en faisant du Chili un précurseur sur le marché de la production et de l'exportation d'hydrogène bas carbone. L’unité “énergies nouvelles” à laquelle j’appartiens est responsable de la mise en œuvre et du plan d’action de la stratégie nationale en faveur de l’hydrogène bas carbone. Je fais le pont entre les acteurs de la filière française de l’hydrogène et le Chili en essayant d’accroitre la coopération entre les deux pays.
Justement, quelles coopérations entre la France et le Chili dans l’hydrogène ont été lancées depuis votre arrivée au ministère ?
Vingt mois après mon déploiement au sein du ministère de l’Énergie du Chili, beaucoup d’initiatives franco-chiliennes ont été lancées avec un certain nombre de succès : positionnement de PME françaises sur le marché chilien, lancement d’une coopération bilatérale sur la formation technique, défense des intérêts français à travers l’organisation du comité de pilotage de l’IPHE, etc. Nous avons monté un groupe de travail franco-chilien sur l’hydrogène bas carbone et renouvelable qui encourage la mise en œuvre de nouvelles opportunités de coopération sur des sujets connexes (corridors maritimes verts, stockage de l’énergie renouvelable produite au Chili, formation et recherche sur les énergies renouvelables ou décarbonées, etc.) et de coordonner les soutiens publics nécessaires au développement de projets, ainsi que de répondre à des demandes spécifiques formulées par les participants publics et privés.
Ces succès sont d’abord dus à l’étroite collaboration qui existe entre la communauté française au Chili à travers l’ambassade de France, mais également Business France ainsi que les différents réseaux d’entreprises françaises présents dans le pays (Total Eren, ENGIE, EDF, Air Liquide, CVE, le consortium de l’aéroport de Santiago ADP-Vinci, Airbus, etc.). Plusieurs visites bilatérales -avec un fort intérêt porté à l’hydrogène- ont eu lieu dernièrement, avec la visite à Santiago du Président de la République mais aussi de la Ministre déléguée chargée du Commerce extérieur et à Paris, le mois dernier, avec la visite du sous-secrétaire d’État à l’énergie chilien lors du salon Hyvolution.
Ainsi, depuis le ministère de l’énergie, la France est certainement vue comme une des nations les plus actives dans la sphère de l’hydrogène.
En quoi le Chili est-il stratégique pour la France ?
Tout d’abord il faut rappeler que nos grands énergéticiens sont présents au Chili depuis longtemps. Le Chili se positionne sur la production d’hydrogène à partir de l'électrolyse de l'eau et des d'énergies renouvelables que développent notamment EDF, ENGIE ou Total. Malgré une volonté politique réelle du gouvernement chilien de produire des électrolyseurs, le Chili ne possède pas la force de frappe suffisante pour mettre sur une pied une filière complète. Les électrolyseurs devront donc être achetés à l’étranger. Or, plusieurs entreprises françaises ont reçu l’appui déterminant de l’État. Le succès de ces entreprises reposera en grande partie sur leur capacité de vente à l’export. En ce sens, le marché chilien représente une opportunité certaine à brève échéance pour la France.