Retour sur la 3e édition des Journées de l’expertise technique internationale
Les Journées de l'expertise technique internationale organisées par Expertise France ont eu lieu les 29 et 30 août 2024 à l'Institut national du service public (INSP). Plus de 250 participants, dont quelque 175 Experts techniques internationaux (ETI), partenaires et commanditaires, se sont retrouvés pour deux jours de conférences, d’ateliers et d’échanges à l’INSP à Paris.
Ancrer les dispositifs ETI au réseau de coopération et d’influence
Cette 3e édition des Journées de l'expertise technique internationale avait été précédée de deux journées de préparation au départ pour une cinquantaine de primo-partants. Un moment d’apprentissage et de convivialité, avant de (re)partir vers l’un des quelques 110 pays d’intervention.
« Nous entendons les éloges faites par les ministres, les présidents d’universités et toutes les structures d’accueil au sujet du travail que vous fournissez au quotidien. A votre savoir-faire technique, s’ajoute votre capacité à mettre ce savoir au service d’une politique publique », a déclaré Jérémie Pellet, directeur général d'Expertise France, en ouverture de la première journée.
Au 31 décembre 2023, 280 experts étaient déployés par le Département Coopération bilatérale et mobilisation de l’expertise (CBME) d'Expertise France, qu’ils soient experts techniques internationaux (ETI), experts nationaux détachés (END) au sein de services de la Commission européenne, ou encore assistants techniques (AT) au sein de collectivités territoriales d’outre-mer, avec une diversité marquée sur le plan géographique, et sur des secteurs très variés, de l’agriculture à l’éducation, en passant par des domaines de pointe, comme l’IA, le spatial ou encore l’hydrogène.
Olivier Richard, directeur général adjoint de la mondialisation au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE), en a profité pour rappeler le choix en 2023 d’élargir le dispositif à tous les continents et en a profité pour adresser ses remerciements aux ETI. « Vous avez un rôle éminent à jouer, pour faire remonter l’information et aider à la construction de projets, et ce pour faire rayonner la France ». Il a également rappelé l’importance de travailler en Équipe France et le rôle de « traducteurs » des ETI pour les administrations et entreprises françaises sur le terrain comme en France.
Armel Castets, Sous-directeur du financement international des entreprises et du soutien au commerce extérieur de la Direction générale du Trésor (DGT), a abondé dans ce sens. « Félicitations aux primo-partants, vous avez accepté une mission passionnante, mais difficile. Vous êtes au carrefour de la coopération et de l’influence économique, d’autant plus dans un contexte d’intensification de la compétition économique avec les grands pays émergents ».
De l’entrepreneuriat à la diplomatie féministe
Des cartes blanches et une dizaine d’ateliers ont ponctué ces deux jours : nouvelles énergies, lutte contre le blanchiment d’argent, décentralisation et appui à la gouvernance locale, santé, océans, langue française, sport, crise fragilité et résilience, continuum éducatif. Les services du MEAE, de la DGT, les départements techniques de l’AFD et d’Expertise France avaient été conviés pour présenter stratégies et projets français sur ces thèmes variés, mettant en lumière la richesse des missions et des secteurs dans lesquels évolue la communauté des ETI.
Ces sessions ont permis également d’échanger sur les enjeux des pays partenaires, identifier les besoins de coopération et favoriser la mise en réseau entre ETI et entre ETI et partenaires présents. Primo-partants comme ETI confirmés se sont saisis des opportunités de prise d’information et d’échanges sur les thématiques.
De l’avis général des ETI primo-partants, ces journées se révèlent utiles et stimulantes « Nous avons l’impression d’être une « promotion » d’élèves et d’être tous ensemble au service d’une même mission, quand bien même nous serons demain déployés au Pakistan, en Afrique du Sud ou à Bogota ! », confie l’un d’entre eux.
Juste avant la cérémonie de clôture, un grand débat s’est tenu sur la diplomatie féministe. Isabelle Rome, ambassadrice pour les droits de l’Homme, a fait le point sur l’histoire de la diplomatie féministe à la française, non sans rappeler les défis et les points de vigilance dans le monde, mais aussi les progrès à opérer en interne. « L’égalité de genre est un enjeu politique, un enjeu d’influence » a-t-elle expliqué. « Chacun et chacune a la responsabilité de faire vivre la diplomatie féministe et d’en défendre les valeurs ».
Comme l’a rappelé Marie Soulié, cheffe de la Mission de la Diplomatie féministe et de l’éducation, la diplomatie féministe consiste à « travailler à déconstruire les stéréotypes de genre et combattre les inégalités, à intégrer le sujet du genre dans tout ce qu’on fait, dans tous les pans de la politique extérieure, à se battre dans toutes les instances multilatérales et dans les relations bilatérales ». Elle est donc loin d’être l’apanage des experts genre, comme en a témoigné l’ETI Charlotte Lebas, déployée à Washington dans le secteur de l’éducation. « Mes recommandations pour œuvrer à la diplomatie féministe dans tous les secteurs : adapter ses initiatives au contexte local, adapter le langage, identifier ses alliés et partager les expériences ».