[Paroles d'experts] Sébastien Gallego
Sébastien Gallego, expert technique international en gestion de l’eau, partage son retour d’expérience sur les avancées concrètes réalisées en Guadeloupe et les échanges enrichissants lors du séminaire international de coopération technique à Bogotá.
Depuis octobre 2024, Sébastien Gallego est déployé en Guadeloupe en tant qu’expert technique international (ETI) auprès du SMGEAG (Syndicat Mixte de Gestion de l’Eau et de l’Assainissement de Guadeloupe). Financé par l’AFD et porté par Expertise France, son poste d'ETI vise à accompagner la modernisation de la gestion de l’eau potable et de l’assainissement sur l’ensemble de l’archipel.
Au cœur de sa mission : coordonner une équipe d’ETI, déployer des solutions innovantes et renforcer la gouvernance du secteur grâce à une meilleure exploitation des données.
En juillet 2025, invité par l’Ambassade de France en Colombie, Sébastien Gallego a participé à un séminaire de coopération technique organisé à Bogotá, où il a présenté l’expérience française en matière de régulation de l’eau. Il y a également découvert le système de gestion colombien, notamment son modèle de tarification sociale fondé sur des strates socio-économiques. Cette mise en perspective enrichissante illustre l’importance d’adapter chaque modèle aux réalités locales.
Découvrez son témoignage et son retour d’expérience lors de cet événement !

L’eau comme enjeu global : mission, terrain, échanges
En quoi consiste votre mission en tant qu’ETI, et quel est votre rôle au sein de l’organisme d’accueil ?
Je suis ETI en Guadeloupe, où je coordonne un pôle d’une dizaine d'ETI, mandatés soit par Expertise France soit par l’État, auprès du SMGEAG. Notre mission est d’accompagner la modernisation et l’optimisation de la gestion de l’eau potable et de l’assainissement, afin d’améliorer durablement le service rendu aux usagers. Nous veillons également via un contrôle des fonds au bon déroulement de la restructuration du Syndicat, fortement soutenu sur le plan financier par l’État français.
Dans le cadre de ma mission en Guadeloupe, les ETI participent activement à la mise en place d’un projet pilote de gestion des pressions sur le réseau d’eau potable de la commune de Gourbeyre. L’objectif est clair : réduire les pertes liées aux fuites, qui représentent un enjeu majeur pour l’ensemble de l’archipel. Concrètement, ce projet s’appuie sur l’installation ou la réhabilitation de dispositifs de régulation de pression. Les premiers résultats sont encourageants : une partie de la commune est désormais sortie du dispositif des « tours d’eau ». Au-delà de son impact local, ce projet pilote revêt une importance stratégique, car il va être déployé dès 2025 à plus grande échelle dans d’autres communes de Guadeloupe confrontées aux mêmes problématiques.
Quels étaient les objectifs du séminaire organisé par l’Ambassade de France en Colombie ?
Ce séminaire, organisé à Bogotá par l’Ambassade de France en partenariat avec la CRA (Comisión de Regulación de Agua), avait pour objectif de partager l’expérience française en matière de régulation et de modèles économiques du secteur de l’eau.
L’événement a rassemblé près de 60 participants, parmi lesquels le Vice-ministre de l’Eau, la Directrice exécutive de la CRA et l’Ambassadeur de France et a donné lieu à des échanges riches et concrets.
Quels enseignements tirez-vous de cette expérience ?
Cette mission, bien que courte, a montré que les solutions développées en France trouvent un écho à l’international et nourrissent utilement les réflexions et potentiellement, les réformes en cours. La CRA nous a également présenté son système de gestion, très différent du modèle français mais parfaitement adapté au contexte colombien.
Lors du séminaire de Bogotá, l’un des temps forts qui m’a particulièrement marqué concerne les échanges autour de la tarification sociale de l’eau. En Colombie, la facturation repose sur un système légal de six strates socio-économiques, intégrant différents critères sociaux. Les tarifs de l’eau varient ainsi selon la strate et le volume consommé, ce qui permet de proposer une tarification plus favorable aux ménages les plus vulnérables. Ce dispositif, parfaitement adapté au contexte local, n’existe pas en France, où la tarification repose davantage sur un principe d’égalité d’accès au service public.
Cette comparaison m’a permis de prendre du recul sur la diversité des modèles de gouvernance de l’eau et de mesurer combien il est essentiel d’adapter chaque solution aux réalités sociales, économiques et culturelles propres à chaque territoire.