[Paroles d'experts] Romain Schumm
Retour d’expérience de Romain Schumm, ETI déployé en Thaïlande auprès de la CESAP, qui accompagne les États de la région Asie-Pacifique dans la mise en œuvre de l’ODD 14 et le renforcement de la gouvernance de l’océan.
Déployé en Thaïlande depuis décembre 2024, Romain Schumm intervient en tant qu’expert en protection des océans auprès de la CESAP, la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique.
Son poste d’expert technique international (ETI), créé et financé par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et déployé par Expertise France, vise à renforcer la gouvernance régionale de l’océan et à accompagner les États membres dans la mise en œuvre de l’Objectif de développement durable n°14.
Depuis cette commission régionale des Nations unies (CESAP), Romain Schumm appuie 53 États et 9 membres associés dans leurs efforts pour préserver et exploiter durablement les océans, les mers et les ressources marines. Lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3), l’expert a contribué à structurer les discussions sur la gouvernance régionale de l’océan, permettant à la CESAP d'obtenir des déclarations ambitieuses pour l’Asie-Pacifique.

Agir pour l’océan dans la région Asie-Pacifique
Pouvez-vous résumer en quelques mots l’objectif principal de votre mission ?
Ma mission est réalisée au sein de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP). Il s’agit d’une commission régionale des Nations unies, basée à Bangkok. D’une façon générale, ma mission vise à apporter une expertise à la CESAP sur la gouvernance de l’océan et à accompagner les États membres (53 États et 9 membres associés) dans la mise en œuvre de l’Objectif de développement durable 14, consacré à la conservation et à l’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marine.
Quel est votre rôle au sein de l’organisme d’accueil ?
J’interviens aussi bien à l’échelle internationale, à travers un suivi des processus en cours en matière de gouvernance de l’océan, qu’à l’échelle régionale, voire nationale, à travers la mise en œuvre d’initiatives en faveur de l’océan.
Concernant les processus internationaux, mon rôle consiste à accompagner les États membres dans les négociations en cours. À travers des éclairages techniques - qui se traduisent notamment par la publication de policy briefs, la diffusion de recommandations politiques ou encore l’organisation d’ateliers de renforcement des capacités - mon objectif est de faire en sorte que les États contribuent à l’adoption de traités ambitieux en faveur de la préservation de l’océan. À titre d’exemple, je travaille sur les négociations en cours en vue de l’adoption d’un traité sur la pollution plastique, sur le traité « haute mer » consacré à la biodiversité en haute mer, sur le cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et sur les liens océan-climat dans le cadre de l’agenda international climatique.
Une fois les traités adoptés et ratifiés, mon rôle consiste à accompagner les États dans leur mise en œuvre, en apportant un éclairage sur les aspects techniques des traités et en réfléchissant collectivement - avec les États membres et les partenaires associés - aux enjeux d’application à l’échelle nationale.
À l’échelle régionale, mon rôle consiste à soutenir les initiatives en cours et à accélérer leur mise en œuvre. À travers un appui technique et scientifique, j’accompagne ainsi les États de la région dans la mise en œuvre de l’ODD 14, de l’initiative récemment adoptée sous l’égide de la CESAP portant sur les actions climatiques fondées sur l’océan (OBCA initiative), ainsi que d’un projet consacré aux solutions fondées sur la nature et au « carbone bleu ».
Pouvez-vous nous parler d’une réalisation au cours de votre mission ?
La CESAP a été fortement mobilisée lors de la troisième conférence des Nations unies sur l’océan, qui s’est tenue à Nice, en France, du 9 au 13 juin 2025. En plus d’avoir contribué aux réflexions en cours visant à renforcer la coopération entre les agences onusiennes ayant un mandat sur l’océan, la CESAP a piloté un segment de l’agenda de la conférence relatif à la gouvernance régionale de l’océan.
Grâce à l’élaboration d’une note conceptuelle dédiée à cette thématique, réalisée en partenariat avec plusieurs entités onusiennes, et à la structuration des discussions lors de la conférence, la CESAP a contribué à obtenir des déclarations ambitieuses sur le renforcement de la gouvernance régionale de l’océan.
Ce Momentum en faveur de la gouvernance régionale est significatif car il s’agit d’un levier d’action décisif pour la préservation de l’océan. L’initiative OBCA, adoptée par les États membres de la CESAP, est d’ailleurs précisément une initiative visant à renforcer l’action régionale en faveur de l’océan. Ce Momentum constitue donc le point de départ d’une action océanique ambitieuse qui devrait se déployer au cours des prochaines années en Asie et dans le Pacifique, et à laquelle ma mission d’ETI contribuera directement.
Quels sont vos objectifs pour la suite de la mission ?
Je souhaite tout d’abord contribuer au succès des initiatives en cours en Asie et dans le Pacifique en matière de préservation de l’océan. Il est clair que ce sujet prend de plus en plus d’ampleur dans cette région. On observe aujourd’hui un réel dynamisme de la part de plusieurs États et parties prenantes. Je souhaite ainsi contribuer à ce que cette dynamique continue de croître, et à faire de la préservation de l’océan un sujet de premier ordre dans la région.
Ensuite, je souhaite participer à la montée en compétences de la CESAP sur cette thématique. L’océan est un objet scientifique et politique relativement nouveau pour la CESAP, qui est traité par une équipe restreinte. Il y a donc un défi à relever pour développer son expertise et permettre à la CESAP d’être aussi identifiée et reconnue comme une agence experte en matière de gouvernance de l’océan.
Je vise par ailleurs à renforcer les liens entre la CESAP et le réseau diplomatique français, notamment l’Ambassade de France en Thaïlande, qui s’est fortement mobilisée sur ces questions en amont de l’UNOC3. L’idée est de maintenir cette mobilisation politique au moment de la mise en œuvre des engagements annoncés.
Enfin, un dernier objectif serait de valoriser cette mission auprès des autres ETI « océan ». Que ce soit sur la gouvernance du développement durable au sein de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale, sur la question de l’économie bleue auprès des États de l’océan Indien ou encore sur l’enjeu de l’élévation du niveau de la mer au Panama, il y a certainement des opportunités d’échanges à saisir afin de renforcer nos actions respectives.